Quand les socialistes périgourdins jouent au Monopoly

POLITIQUEPÉRIGUEUXELECTIONS MUNICIPALES

Pascal BILLAT

2/3/2025

Je sais, par avance, que toute critique de la gestion municipale de la ville de périgueux est désormais frappée du sceau de l’infamie au motif que la maire s’est mise en retrait depuis la mi-décembre en raison "des effets d’un épuisement professionnel", et qu’un bulletin médical est récemment venu différer la date de son hypothétique retour aux affaires après le 15 mars… ou plus tard. Ou jamais.

Bien entendu, chacun s’accorde à souhaiter un prompt rétablissement à Delphine LABAILS, et je m’associe à ces vœux. Mais, si par décence, une période de réserve s’imposait, qui plus est, en pleine trêve des confiseurs, il ne faudrait pas que la victimisation devienne un réflexe pavlovien de la part de la gauche périgourdine pour tenter d’étouffer toute critique de l’opposition ou émanant de simples citoyens engagés. Parce qu’en écrivant, dans son communiqué du 13 décembre 2024, que "le combat politique reste, hélas, plus difficile et éprouvant quand on est une femme", Delphine LABAILS avait déjà instillé l’idée que toute critique à l’encontre de sa politique serait jugée à l’aune de sa condition de femme. Pour une féministe, on a connu plus valorisant sur la capacité des femmes à mener des combats politiques. Sans vaciller.

Ce premier préambule étant posé, je sais aussi que certains hésitent à appuyer sur le bouton lorsque qu’il s’agit des interrogations portant sur le financement du parc des sports et loisirs au motif que l’exercice s’avèrerait électoralement contre-productif en raison du soutien apporté par une partie de la population (et donc de potentiels électeurs) au club de rugby local, le CAP.

Pour faire court, en sans avoir à m’en excuser, je ne m’embarrasserai, dans les lignes qui suivent, ni de la situation politique de l’actuelle majorité municipale, temporairement orpheline de maire, ni des engouements sportifs qui impliqueraient une forme d’omerta sur les sujets touchant à la trajectoire économique et financière de la ville.

Ainsi, il y a 9 mois à peine, en mai 2024, les habitants de Périgueux recevaient dans leur boîte aux lettres, un numéro spécial du magazine municipal consacré au budget de la ville. Et le superlatif "exceptionnel" était répété à l’envi, au fil des pages, pour qualifier un budget 2024 qui, selon le service Communication de la ville en charge de la rédaction du document, allait rester dans les annales. Et sur ce dernier point, je crains que la Chambre Régionale des Comptes, lorsqu’elle aura à se pencher sur la situation financière de la collectivité, lui donne raison. Mais pas forcément pour dresser les lauriers dont la gauche périgourdine s’est auto-auréolée.

Car, pour en revenir à ce fameux numéro spécial du magazine municipal, il y était écrit (et chacun pourra facilement le vérifier) que le financement de la rénovation du parc des sports et de loisirs pesait pour 10,6 millions d’euros sur un budget global d’investissement de 27 millions d’euros, montant déjà inquiétant pour le niveau d’endettement de la ville. Or, après plusieurs mois d’atermoiements, le premier adjoint, faisant office de maire remplaçant, annonçait dans la presse que le coût du parc des sports et de loisirs flirterait, finalement, avec les 18 millions d’euros (si ce n’est plus). Sans, bien entendu, fournir la moindre explication sur une telle dérive. M’étant publiquement étonné, qu’en tant que maître d’ouvrage, la ville de Périgueux puisse supporter (et accepter) une augmentation de l’ordre de 70%, un militant de gauche qui, s’il ne croit plus au Père Noël, continue à croire à la fable de "l’argent magique", m’a répondu qu’il ne fallait pas se focaliser sur la somme de 18 millions d’euros dans la mesure où ce montant était financé, pour partie, par le Grand Périgueux, la Région et des fonds européens, et qu’il ne devrait rester "que" 11 millions à la charge de la ville. Pour paraphraser François HOLLANDE, "c’est pas cher, c’est l’Etat qui paye"… Qu'en pense Jacques AUZOU ? Qu'en dit Alain ROUSSET ? Car si, tel un jeu de dominos, toutes les collectivités territoriales qui se sont engagées pour participer au financement de ce projet sont amenées à augmenter leur quote-part de 70%, plus personne ne s'étonnera, alors, du niveau, plus qu'alarmant, de la dette française, et l'on comprendra mieux la volonté de l’ancien premier ministre, Michel BARNIER, de freiner une telle gabegie inflationniste.

Mais, au-delà du cas des parcs des sports et de loisirs qui focalise toutes les attentions, on peut également s’interroger sur les autres travaux qui ont été menés en 2024. Combien de dépassement pour la réfection Clautre-Taillefer initialement annoncée à 2,6 millions d’euros ? Quel surcoût pour la rénovation de l’école André Boissière inscrite dans le budget pour 2,4 millions d’euros ? Quel atterrissage financier pour l’extension de la salle de musiques actuelles provisionnée pour 1,75 millions d’euros. Quand on voit qu'à Périgueux, la gauche aux affaires jongle avec les millions comme d’autres jouent au Monopoly®, il est compréhensible que les citoyens, et contribuables en puissance, puissent légitimement s’inquiéter de la gestion des deniers publics.

Face à une pseudo "démocratie participative", que la majorité municipale se vante régulièrement d’avoir mise en œuvre, il va falloir passer à un exercice un peu plus contraignant : rendre des comptes ! Parce qu'en terme de (vraie) démocratie, c’est à travers ces explications, tant attendues, que les citoyens et les électeurs de Périgueux pourront juger de la qualité de la gestion municipale, de la compétence de l’équipe en place, et qu’ils pourront être éclairés pour se forger une conviction à l’aube des prochaines élections municipales.